November Dusk Critique

November Dusk album cover

Le Philippe Crettien nouveau est arrivé. J’ai connu le saxophoniste à ses débuts, notamment à « Jazz is Toulon » dont il fut l’un des premiers invités et protagonistes. A l’époque il jouait du sax ténor avec un gros son et un engagement rentre-dedans, influencé par Coleman Hawkins entre autres. Depuis il n’a cessé d’évoluer pour arriver à cette maturité qui l’a vu s’engager sur les pas de Wayne Shorter et surtout de Warne Marsh, en gardant une sonorité ronde, puissante mais avec quelque chose de fragile, et parfois un son plus râpeux, plus angulaire. Il est comme un poisson dans l’eau avec ce quartette qui lui sied à merveille. Une belle évolution dans l’écriture aussi, avec des arrangements soignés et personnels, tel ce bel unisson entre ténor et contrebasse sur « November Dusk » avec des solos qui découlent les uns des autres, sur des contrechants de la contrebasse. Le guitariste est de la grande école de la guitare jazz, excellent aussi bien en solo qu’en accompagnement : un garçon à surveiller ! Le batteur joue en finesse, qu’on en juge par son solo sur un thème quelque peu calypso « Blues pour Valentin » ; le ténor ici sonne légèrement Sonny Rollins ; hommage peut-être ? On retrouve les mêmes impressions sur un autre calypso « « Fall Line Flow », une très belle mélodie distillée par un ténor inspiré suivi par le guitariste du même tonneau, tous portés par de belles lignes de basse. D’ailleurs le groupe revisite certains rythmes, comme le reggae sur « Opposite Poles » où le guitariste fait merveille. Citons encore une autre belle mélodie « Pluton » sur laquelle se développe la grande sensibilité du saxophoniste.

Seul reproche : pourquoi faire du pseudo free sur « Rungs » qui s’annonçait bien, ce genre de truc est dépassé.

Mais ne gâchons pas notre plaisir, c’est un beau disque de jazz, joué par de jeunes et moins jeunes musiciens, totalement maîtres de leurs moyens. Les compositions sont de Crettien et Mottaz, qui se révèlent tous deux d’excellents mélodistes. Savourons le dernier titre « Mr Sleepy » qui démarre par une intro de la contrebasse suivi de la guitare façon orgue, et qui va développer un solo mélodique de toute beauté.

by Serge Baudot



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